Douleur postopératoire à domicile : un défi pour l’infirmière libérale ?
Résumé
A l’heure du virage ambulatoire, les infirmières libérales sont de plus en plus amenées à prendre en soin des patients en postopératoire, et parmi eux, des patients douloureux. Véritable enjeu de santé publique, l’identification et le soulagement de la douleur s’inscrivent à la fois comme un droit fondamental des patients mais également comme une responsabilité pour les professionnels de santé. Les auteurs ont voulu questionner les infirmières libérales au sujet du défi que représente la prise en charge de la douleur postopératoire auprès des patients de retour à leur domicile, jusqu’à une semaine après leur intervention. L’objectif a été de recueillir les expériences et la perception des infirmières libérales en matière de gestion de la douleur postopératoire. Il s’agit d’une enquête prospective, réalisée auprès de 338 infirmiers libéraux sur l’ensemble du territoire national du 13 au 21 juin 2022.
Les résultats ont montré que les infirmières libérales étaient des professionnelles expérimentées, et qu’elles exercent en majorité sans présence médicale au sein de leur structure. Elles rencontrent fréquemment des patients douloureux en postopératoire, et si elles sont entraînées à l’évaluation de la douleur, elles semblent avoir besoin d’être accompagnées davantage dans la prise en charge du patient douloureux, pour qui elles sont le premier interlocuteur. A l’issue de leurs réactions, il apparaît qu’elles sont également intéressées pour se former sur le thème de la douleur. D’après les réponses des infirmières interrogées, il apparaît primordial d'améliorer la communication et la collaboration entre l'hôpital et les soins à domicile afin d'assurer une gestion optimale de la douleur postopératoire. De nombreuses actions sont déjà effectués en ce sens d’un point de vue global. Néanmoins, au sujet de la prise en charge de la douleur, il semblerait que les acteurs de ville aient encore besoin de soutien pour se sentir à l’aise et permettre une prise en charge efficiente des patients. De plus, il est mis en évidence une absence de valorisation de la prise en charge de la douleur, en termes de cotation, qui ne permet pas de reconnaître la compétence de l’infirmière libérale à ce sujet. Le développement de formations spécifiques pour les infirmières à domicile et la création de protocoles de gestion de la douleur adaptés à ce contexte ainsi que le renforcement du lien entre la ville et l’hôpital sont des propositions émanant des réponses obtenues.
Auteurs
Florence DULAC (1), Nicolas GAUCHET (2)
Affiliations
(1) Infirmière Libérale, France, (2) Chu Nantes, France